La fusion AMH-LNH
Au printemps de 1979, l'AMH fusionne avec la LNH qui retrouve enfin son monopole d'antan après sept années d'une guerre sans merci.

En 1972, les Nordiques joignent les rangs de l'AMH… pour la quitter le plus vite possible. Pour Québec, Edmonton, Winnipeg et bien d'autres villes, l'AMH est un raccourci vers la LNH, qui refuse d'accorder de nouvelles concessions à ces petits marchés canadiens. Pour ces équipes, le salut passe par une fusion de l'AMH avec la LNH. L'arrivée de l'AMH met fin au monopole de la LNH et fait doubler le salaire moyen des joueurs. Leurs profits grugés par l’escalade des salaires, certains propriétaires de la LNH ont également intérêt à ce que les deux ligues rivales fusionnent au plus tôt.

Les premières négociations secrètes entre les deux ligues ont lieu dès la saison 1972-73. Durant quatre ans, des rumeurs de fusion circulent, mais le dossier avance peu car le président de la LNH, Clarence Campbell, s'est opposé avec vigueur à l'arrivée de la nouvelle ligue et n'est pas intéressé à une fusion. En 1977, Campbell se retire et laisse sa place à John Ziegler, qui, lui, se montre favorable à la fin des hostilités entre l'AMH et la LNH. Cet été-là, les deux ligues en viennent à un accord, mais cinq équipes de la LNH votent contre le projet qui est annulé. Coup monté? L'AMH, qui avait mis la clef dans la porte de son siège social de Toronto, n'a qu'un mois pour s'en remettre et planifier sa sixième saison…

Après Chicago en 1977, c'est à Détroit que les deux ligues entreprennent de nouvelles discussions en juin 1978. La LNH essaie encore de dévaliser les clubs de l'AMH, mais les Nordiques et Marcel Aubut se tiennent debout. C’est un deuxième échec de suite pour le circuit maudit, qui continue de fondre comme neige au soleil: il ne lui reste plus que sept équipes… D'autres négociations sont prévues en 1979, mais Ziegler avertit Aubut que, sans document officiel assurant que le Colisée sera agrandi à 15 000 sièges, il ne veut plus le retrouver sur son chemin. Récoltant des appuis inespérés à Québec et à Ottawa, Aubut accomplit l'impossible et obtient le financement nécessaire à l'agrandissement du Colisée.

Le 30 mars 1979, après l'épisode de Key Largo et une autre série de négociations intensives, Ziegler annonce officiellement l'entrée des Nordiques, des Oilers, des Jets et des Whalers dans la LNH. La facture pour les Nordiques s'élève à six millions de frais d'entrée, plus 2,5 millions pour fermer les livres de l'AMH. Jour de gloire à Québec, après 59 années d'absence du prestigieux circuit! Le héros de la journée, Marcel Aubut, y va d'une phrase célèbre: «C’est le plus grand jour dans l’histoire de la ville de Québec, le plus grand jour depuis la venue de Jacques Cartier1!» Mille cinq cents partisans lui réservent un accueil triomphal à l'Auberge des Gouverneurs, à Québec.

C'est ainsi que se termine, après sept saisons tumultueuses, l'aventure de l'Association mondiale de hockey. Un circuit rapidement retombé dans l'oubli, malheureusement! Son héritage est tout de même remarquable: trois petits marchés canadiens, Edmonton, Winnipeg et Québec, ont réussi à joindre les rangs de la LNH. Sans l'AMH, la ville de Calgary aurait-elle réussi à obtenir les Flames en 1980? Bien entendu, il restera toujours des gens pour raconter que l'AMH n'était pas de calibre, une «ligue de garage» en quelque sorte. À ceux-là, on peut répondre qu'en 73 rencontres hors-concours contre des équipes de la LNH, les clubs de l'AMH s’en sont tirés avec une fiche gagnante de 35-30-8. Des quatre équipes de l'AMH qui font le saut dans la LNH en 1979, c'est étrangement celle qui n'a jamais remporté la coupe Avco qui connaîtra le plus de succès dans le circuit Ziegler: les Oilers d'Edmonton.

Notes de référence
1. Claude Larochelle, Les Nordiques: 10 ans de suspense, Sillery, Lotographie, 1982, p. 33.

Voir aussi
Varia: Fiche des Nordiques contre les clubs de la LNH, 1977 et 1978


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