Saison 1986-1987
C'est l'année de Rendez-Vous 87, mais aussi d'un rendez-vous avec l'arbitre Kerry Fraser qui joue un vilain tour aux Nordiques en séries contre Montréal.

Un club de première place, les Nordiques? Rares sont ceux qui prédisent un autre championnat de division aux Fleurdelisés en 1986-1987. La défaite au premier tour contre Hartford en a déçu plusieurs et on note que la relève semble un peu faible. Montréal a gagné la coupe Stanley avec Patrick Roy, Stéphane Richer, Claude Lemieux, Shayne Corson et Brian Skrudland; Québec devra bientôt miser sur Steven Finn, Jeff Brown, Jason Lafrenière, Ken Quinney, Richard Zemlak et Trevor Stienburg pour chausser les patins des Stastny, Goulet, Hunter et compagnie. Pour l'instant, personne ne semble s'inquiéter outre mesure et tous les projecteurs sont braqués sur Rendez-Vous 87, le «bébé» de Marcel Aubut prévu pour le début du mois de février.

Privés des services de Jean-François Sauvé parti jouer en Suisse (il reviendra en fin de saison), les Nordiques connaissent un bon début avec une fiche de six gains, deux revers et deux verdicts nuls à leur dix premières rencontres. Ils subissent leur première défaite à domicile le 4 novembre seulement, contre les Jets. Les Fleurdelisés vivent ensuite un mois de novembre éprouvant, marqué par la grave blessure de Dale Hunter lors d’un match contre Montréal le 25 novembre. Privé de son compagnon de trio, Michel Goulet diminue sa production. Faible à l'aile droite mais surtout au centre, en raison des blessures de Hunter et Peter Stastny (fracture du majeur), l'offensive des Nordiques connaît des difficultés.

On s'aperçoit également que les foules sont en baisse au Colisée le mardi soir. Intriguée par cette désaffection, la direction des Nordiques se renseigne et en vient à la conclusion que les amateurs de hockey préfèrent s'asseoir devant leur téléviseur pour regarder Lance et compte! Cette télésérie qui s’inspire du monde du hockey met en vedette Pierre Lambert, Marc Gagnon et le National de Québec, une copie plus ou moins conforme des Nordiques (plusieurs scènes ont été tournées au Colisée quelques mois plus tôt). Comparé à Jacques Mercier, le bouillant entraîneur du National, Michel Bergeron, déclare: «Cet entraîneur est agressif, tandis que moi1…» Le 9 décembre, les acteurs de la série sont présentés à la foule qui leur sert une belle ovation. Ce soir-là, les Nordiques connaissent un match misérable contre Saint-Louis et des spectateurs fort déçus crient: «On veut Lambert! On veut Lambert!»

Les Fleurdelisés se retrouvent bientôt au dix-septième rang du classement général et au quatrième rang de leur division, tout près des Sabres de Buffalo au cinquième rang. Anton Stastny, Risto Siltanen et Mark Kumpel déçoivent, mais Paul Gillis, Clint Malarchuk et Brent Ashton font du bon boulot. Habitué à faire ses valises (il jouera pour neuf équipes dans la LNH durant sa carrière), Ashton apprend le 17 janvier 1987 qu'il est échangé avec Mark Kumpel et Gilbert Delorme aux Red Wings de Détroit en retour de John Ogrodnick, Doug Shedden et Basil McRae. Fortement secoué par cette transaction, Ogrodnick déclare néanmoins qu'il s'habituera bientôt à la ville de Québec et il marque deux buts à son premier match dans l'uniforme fleurdelisé. On félicite déjà Maurice Filion pour cet échange, à première vue favorable aux Nordiques.

Vient ensuite Rendez-Vous 87, un succès colossal pour l'organisation des Nordiques. Michel Bergeron, Michel Goulet et Normand Rochefort participent à l'événement, mais pas Clint Malarchuk puisque Grant Fuhr dispute les deux rencontres au complet devant le filet des Étoiles de la LNH. Quant à Peter Stastny, il ne peut endosser l'uniforme de la LNH à cause d'une autre blessure, cette fois à l'épaule. La pause de Rendez-Vous 87 ne semble pas avoir un effet bénéfique sur les Nordiques, qui ne remportent qu'une seule de leurs dix rencontres après le tournoi malgré le retour de Dale Hunter. Le 3 mars, les Penguins de Pittsburgh rossent les Fleurdelisés par 8 à 1 au Colisée; c’est le pire match des Nordiques dans la LNH, selon Michel Bergeron.

Un sérieux malaise s'installe dans l'entourage de l'équipe. Des amateurs commencent à se présenter au Colisée avec un sac d'épicerie sur la tête, tandis que le dîner du joueur du mois de février est annulé à la dernière minute. La langue, les impôts élevés et les blessures sont autant de sujets qui minent le moral des Fleurdelisés, rattrapés au quatrième rang de la division Adams par Buffalo et même relégués un certain temps au dix-neuvième rang du classement général. Marcel Aubut et Maurice Filion refusent de parler aux journalistes, mais le directeur-gérant répond aux appels répétés du public en allant recruter un «Lambert», Lane Lambert (obtenu des Rangers contre Pat Price). Par mesure préventive, Peter Stastny, Paul Gillis, Dale Hunter et Alain Côté sont exemptés de certains entraînements. Pointé du doigt pour les insuccès de son équipe, Bergeron passe à une défaite de perdre son poste, information confirmée l'automne suivant.

Heureusement, les Nordiques se relèvent en fin de campagne et arrachent sept victoires et un match nul à leurs 13 dernières rencontres. Ils terminent la saison avec 72 points, huit de plus que Buffalo mais vingt de moins qu'en 1985-1986. La production offensive de l'équipe a également chuté, passant de 330 à 267 buts. En revanche, la défensive des Nordiques s'est encore améliorée et, en désavantage numérique, les Fleurdelisés se classent au deuxième rang de la ligue. Mais rien à faire, le club québécois passe toujours pour un club offensif incapable de se concentrer sur sa défensive, une réputation tenace que Michel Bergeron n'a jamais pu faire disparaître malgré tous ses efforts. À l'approche des séries éliminatoires, les Nordiques signent une nouvelle entente de télédiffusion avec Télévision Quatre-Saisons. Comme en 1986, les Fleurdelisés affrontent au premier tour les Whalers de Hartford, mais cette fois les rôles sont inversés: les Whalers sont les favoris.

Malgré le nouveau format des séries (quatre de sept au lieu de trois de cinq) qui limite les risques d'une élimination précipitée, la troupe de Jack Evans craint les Fleurdelisés et leur capitaine Peter Stastny, enfin sorti de sa malchance avec sept points en trois rencontres. Dans le premier match, John Ogrodnick se fait voler le but gagnant à la dernière seconde : le jeu a été trop rapide pour le juge de but (de New York) âgé de 75 ans, incapable de réagir avant le son de la sirène. Dire que durant la saison, le même arbitre (Ron Hoggarth) avait accordé un but identique aux Bruins de Boston contre Québec! Hartford l'emporte par 3 à 2 en prolongation sur un but de Paul MacDermid et remporte le second match par 5 à 4, au terme d’une autre belle performance du gardien Mike Liut. C’est la seizième défaite des Nordiques par la marge d'un but en 1986-1987.

De retour au Colisée, Mario Gosselin remplace Clint Malarchuk avec succès et les Nordiques égalisent la série avec des gains de 5 à 1 et 4 à 1. Dans le cinquième match à Hartford, Ogrodnick (encore lui) marque trois buts dont le but vainqueur à 67 secondes de la fin de la troisième période, ce qui propulse les Nordiques vers une victoire de 7 à 5. La direction des Nordiques mobilise les partisans pour le sixième match en offrant des pancartes à tous les spectateurs au Colisée et en invitant ceux-ci à porter des vêtements blancs, une idée originale déjà mise en œuvre à Winnipeg. Tirant de l’arrière par trois buts au milieu de la deuxième période mais transportés par la foule, les Fleurdelisés finissent par créer l'égalité et se sauvent avec la victoire en prolongation grâce à un but exceptionnel de Peter Stastny. Moment de joie et de confusion alors que les employés du Colisée éteignent les projecteurs et que de joyeux lurons se mettent à danser sur la patinoire!

Pour la quatrième fois en sept ans, les Nordiques affrontent les Canadiens de Montréal en éliminatoires. Le début de la série est sensationnel pour les Fleurdelisés qui remportent les deux premiers duels au Forum, par 7 à 5 et 2 à 1. Après un but refusé à Claude Lemieux durant le deuxième match (la reprise démontre que la rondelle a bel et bien franchi la ligne rouge), Jean Perron est persuadé que les arbitres ont peur de Michel Bergeron, mais il aura tout lieu de changer d’avis quelques jours plus tard. Après leurs succès au Forum, les Nordiques s'écroulent dans le troisième match au Colisée et Montréal l'emporte par 7 à 2. Les Canadiens répètent l'exploit deux jours plus tard grâce au but en prolongation de Mats Naslund, résultat d’un tir de la ligne bleue qui déjoue Mario Gosselin, au grand désespoir des partisans des Nordiques.

Le 28 avril, à Montréal, le résultat du cinquième match de la série est faussé par l'arbitre Kerry Fraser qui a refusé un but crucial à Alain Côté à trois minutes de la fin dans des circonstances nébuleuses. Finalement battus par 3 à 2, les Nordiques font face à l'élimination et commencent le sixième match du mauvais pied en concédant une avance de 2 à 0 après 40 minutes de jeu. Réveillés par le discours poignant de l'entraîneur-adjoint Guy Lapointe qui a jeté à la poubelle sa bague de la coupe Stanley, les Fleurdelisés inscrivent trois buts sans riposte en troisième période et contraignent leurs adversaires à se représenter pour un septième et ultime combat. Les Nordiques mènent le match décisif par 1 à 0 après une période, mais Montréal réplique avec cinq buts en deuxième, qui leur pavent la voie vers un gain de 5 à 3 et l'élimination des Fleurdelisés. Toujours frustré par le but refusé à Alain Côté, Michel Bergeron déclare que les Canadiens ont remporté la série 4 de 7 avec seulement trois victoires…

C’est une deuxième défaite en éliminatoires contre Montréal, mais le jeu électrisant des Nordiques est parvenu, ou presque, à faire oublier leurs déboires de la saison. Par contre, l'été s'annonce mouvementé avec un Johnny Ogrodnick qui déclare sur tous les toits qu'il ne sera pas de retour à Québec l'an prochain. L'avenir de Michel Bergeron avec les Nordiques est aussi à l’ordre du jour. Les rumeurs d'une transaction avec les Rangers s’amplifient à l'approche de la séance de repêchage de juin 1987. Effectivement, le «tigre» prend le chemin de Manhattan le 18 juin en retour de 100 000 $ et d'un choix de premier tour en 1988. Cinq jours plus tôt, les Nordiques ont causé une autre surprise en cédant Dale Hunter et Clint Malarchuk aux Capitals de Washington. Une nouvelle ère est sur le point de débuter chez les Nordiques, mais on ne se doute pas encore à quel point elle sera laborieuse.

Notes de référence
1. Le Soleil, 10 septembre 1986, p. S5.

Voir aussi
Souvenir: Rendez-Vous 87
Statistiques, saison 1986-1987
Sommaire: Rendez-Vous 87 (premier match)
Sommaire: Rendez-Vous 87 (deuxième match)
Sommaire: Les Nordiques éliminent les Whalers
Sommaire: Quand Kerry Fraser s’en mêle…
Cartes Kraft, saison 1986-1987
Cartes postales McDonald's, saison 1986-1987
Cartes postales des Nordiques, saison 1986-1987
Cartes O-Pee-Chee/Topps, saison 1986-1987
Autocollants O-Pee-Chee, saison 1986-1987
Cartes Yum Yum, saison 1986-1987
Magazines, saison 1986-1987
Photo d'équipe, saison 1986-1987


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