Saison 1989-1990
«Le meilleur est à venir» mais pas en 1989-1990. Les Nordiques touchent le fond du baril avec la pire saison de leur histoire.

Simple coup de marketing? Le retour de Michel Bergeron à Québec suscite un regain d’intérêt sans précédent dans la Vieille Capitale après deux années de vaches maigres. L'enthousiasme des amateurs monte d'un autre cran à l'annonce de la venue de Guy Lafleur avec les Nordiques, vingt ans après la belle aventure des «Remparts en or». Dans l'euphorie du moment, plus personne ne songe à se débarrasser de Peter Stastny et Michel Goulet. C'est l'année de l'invasion des joueurs soviétiques dans la LNH et Québec accorde un contrat de deux ans au gardien Sergei Mylnikov, la solution, semble-t-il, au problème devant le filet en attendant l'avènement de Stéphane Fiset, le futur «Patrick Roy» des Fleurdelisés.

Optimistes, les journalistes québécois prédisent aux Nordiques le quatrième rang de la division Adams, à l'opposé des revues spécialisées américaines qui placent à l'unanimité Québec au cinquième rang. Il y a eu beaucoup de changements au sein de l'équipe, peut-être trop: les départs de Mario Gosselin, Anton Stastny et Gaétan Duchesne, l'échange de Walt Poddubny (malheureux à Québec) au New Jersey contre Claude Loiselle et Joe Cirella, une autre transaction qui a envoyé Randy Moller aux Rangers contre Michel Petit… Les Nordiques ont fait également l'acquisition du vétéran Lucien Deblois, mais Paul Gillis, atteint du syndrome de Guillain-Barré, rate le début de la saison. Il faut aussi remplacer Alain Côté, qui s’est retiré après 12 saisons bien remplies.

Les Nordiques remportent une belle victoire contre Boston à leur match d'ouverture à domicile, mais la joie est de courte durée. Les Fleurdelisés n'ont obtenu qu'un gain en cinq rencontres lorsqu'ils accueillent les Flames de Calgary au Colisée le 17 octobre 1989. Québec mène par 8 à 3 avec un peu plus de six minutes à faire dans le match, mais les champions de la coupe Stanley comblent le déficit avec cinq buts sans riposte dont deux en désavantage numérique dans la toute dernière minute du match, à quatre secondes d'intervalle (un record de la ligue). Ce festival de buts se solde ainsi par un humiliant verdict nul de 8 à 8 qui hantera le jeune Stéphane Fiset des années durant et qui démontre que les partisans se sont peut-être emballés un peu trop vite.

Fin octobre et début novembre, le club québécois aligne huit défaites d'affilée (un nouveau record d'équipe) et passe l'Halloween au vingt et unième et dernier rang du circuit. Guy Lafleur impressionne tout de même avec 19 points à ses 16 premiers matches, mais son retour est gâché par une blessure à la cheville, gracieuseté d'un tir de son coéquipier Iiro Jarvi. Michel Goulet est également blessé à la cheville et Jeff Brown est mis en pénitence pour sa mauvaise conduite hors de la patinoire. La situation est si catastrophique que les Nordiques vont chercher au ballottage Brian Lawton, ce fameux premier choix au repêchage de 1983 qui n'a jamais été à la hauteur des espérances des amateurs. Le scénario se répète à Québec…

Le gardien Sergei Mylnikov constitue la plus grande déception, c’est un échec cuisant pour l'organisation. Dès son arrivée à Québec, le Soviétique de 31 ans a surpris par sa piètre condition physique; il n’a pu disputer son premier match que le 26 octobre à Boston. Incapable de parler l’anglais, il est constamment accompagné d’un interprète et s'adapte difficilement à sa nouvelle vie en Amérique du Nord. L'entraîneur Michel Bergeron déplore le penchant du Soviétique pour la gastronomie québécoise et il déteste son style «enfoncé dans le but». En outre, Mylnikov critique ouvertement les défenseurs, ce qui plonge les Nordiques dans l'embarras. Il faut cependant reconnaître que l'organisation ne lui a peut-être pas donné une vraie occasion de se faire valoir.

Après une transaction qui a ramené Tony McKegney à Québec, les Nordiques portent un grand coup le 13 décembre en cédant Jeff Brown aux Blues de Saint-Louis en retour de Tony Hrkac et du gardien Greg Millen. On compare immédiatement ce dernier à Daniel Bouchard (le sauveur des Fleurdelisés en 1980), mais Millen refuse de se rendre à Québec, prétextant une entente non respectée par les Blues. Une fois le problème réglé deux semaines plus tard, le gardien met fin à la série de 14 matches sans victoire des Fleurdelisés en battant les Islanders, exactement comme Bouchard en 1981. Mais la suite n'a rien à voir avec la saison 1980-1981, car les Nordiques encaissent 11 autres défaites d'affilée. Millen veut déjà repartir.

Bien conseillé par Lafleur, Joe Sakic connaît néanmoins une saison du tonnerre. C’est un rayon de soleil dans une caverne, car les Nordiques sont vraiment pitoyables; on les compare aux Capitals de Washington en 1974-1975, qui n’avaient obtenu que 21 points. Lafleur dépasse Maurice Richard avec son 545e but dans la LNH le 3 janvier 1990, mais une fracture de la joue subie le 30 janvier le tient encore une fois à l'écart du jeu pour une longue période. La situation des Nordiques devient désespérée et exige de sérieux correctifs. Le 2 février, la haute direction passe aux actes: elle congédie Martin Madden et appelle Maurice Filion à la rescousse pour assurer l'intérim. Le ménage se poursuit au deuxième étage du Colisée avec les départs de Serge Aubry et Guy Lapointe, ce dernier remplacé par Robbie Ftorek. Dommage pour Madden, à qui on avait demandé en 1988 de renflouer un bateau qui prenait déjà l'eau de toutes parts!

Encore plus décevants en seconde moitié de saison, les Nordiques sont officiellement éliminés de la course aux séries éliminatoires dès le 24 février, bien avant l'ouverture des terrains de golf. La grande purge se termine au début de mars avec les départs de Peter Stastny et Michel Goulet. Le numéro 16 est échangé à Chicago le 5 mars en compagnie de Greg Millen contre trois joueurs des ligues mineures, Mario Doyon, Everett Sanipass et Daniel Vincelette. Peter part le lendemain pour le New Jersey, en retour de Craig Wolanin et d'un joueur à désigner plus tard (Randy Velischek). C'est bien peu pour de si grands joueurs. Triste fin d'époque chez les Nordiques!

Au moins, Sergei Mylnikov récolte sa première (et dernière) victoire dans la LNH le 17 mars contre Philadelphie. Le Soviétique n'aura été qu'un des sept gardiens de but envoyés à l'abattoir durant la saison, Ron Tugnutt s'affirmant comme le numéro un. Les Fleurdelisés terminent le calendrier par huit défaites consécutives, avec un total de 31 points, soit 54 derrière Hartford et le quatrième rang de la division Adams. Ils ont inscrit au passage une foule de nouveaux records d'équipe, dans l’ordre de la nullité et de la futilité bien entendu. Ils sont derniers au classement, mais premiers au marketing avec une moyenne d'assistance dépassant les 15 000 spectateurs. Il ne reste plus qu’à oublier cette saison d’enfer, mais, de nombreuses années plus tard, les partisans des Nordiques ne l'ont toujours pas fait et parlent encore de cette année misérable.

Voir aussi
Profil: Les entraîneurs
Souvenir: Les filiales
Statistiques, saison 1989-1990
Sommaire: Le cauchemar de Stéphane Fiset
Cartes Kraft, saison 1989-1990
Cartes postales des Nordiques, saison 1989-1990
Cartes O-Pee-Chee/Topps, saison 1989-1990
Autocollants O-Pee-Chee, saison 1989-1990
Autocollants Panini, saison 1989-1990
Magazines, saison 1989-1990
Photo d'équipe, saison 1989-1990


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