Saison 1982-1983
Durement touchés à la ligne bleue, les Fleurdelisés connaissent une saison en dents de scie et sont éliminés dès le premier tour par les Bruins de Boston.

Après un printemps 1982 électrisant et un été des plus calmes, les partisans des Nordiques subissent un choc à l'ouverture du camp d'entraînement des Fleurdelisés: les frères Stastny refusent de se présenter au travail. Insatisfaits de leurs contrats signés en 1980 — Peter a sursauté à la lecture de son premier chèque de paie, tant les prélèvements fiscaux lui apparaissaient astronomiques —, les Slovaques décident de faire grève ensemble pour obliger le directeur-gérant Maurice Filion à corriger la situation. Ce dernier est disposé à accorder une augmentation de salaire à Peter mais pas à Anton et à Marian, ce qui provoque l'impasse dans les négociations.

La grève des Stastny prend fin une dizaine de jours après son début, en raison de l'intervention de l'agent Pierre Lacroix (à ne pas confondre avec le défenseur des Nordiques du même nom, cédé aux Whalers en décembre 1982 contre Blake Wesley). À leur retour au camp, les trois Slovaques ont droit à une ovation de leurs partisans. Par contre, les négociations s'éternisent et l'échéancier du 30 novembre est reporté à maintes reprises; le dossier ne sera finalement réglé qu’en mars. Flairant la bonne affaire, le quotidien montréalais The Gazette laisse entendre que les Stastny ne seraient pas heureux à Québec. C’est une aberration puisque Peter, Anton et Marian se sont rapidement adaptés à la ville et y ont immédiatement appris le français.

Malgré leur relative faiblesse défensive, les Nordiques comptent toujours sur leurs cinq compteurs de 30 buts en 1981-1982 (Peter Stastny, Michel Goulet, Marc Tardif, Réal Cloutier et Marian Stastny); ils n’ont effectué aucun changement important durant la saison morte et se considèrent en bonne position. Les jeunes Randy Moller et Mike Eagles font bonne figure au camp d'entraînement. Quant à Marc Tardif, il est de retour malgré les innombrables rumeurs à son sujet. Encouragés par la performance du club en séries le printemps précédent, plusieurs journalistes de Québec prédisent le premier rang de la division Adams aux Nordiques. Mais Boston et Montréal constituent toujours des menaces redoutables.

À Montréal, justement, on ne se laisse plus impressionner par le club québécois et la «guerre psychologique» prend le dessus. En guise de premier assaut, les Canadiens font circuler une «liste des dix joueurs les plus salauds» comprenant les noms de Dale Hunter et Wilfrid Paiement, ce dernier pourtant blessé au genou par Robert Picard la saison précédente. Pendant ce temps, à Québec, on saute au plafond en apprenant que l'arbitre Denis Morel travaille pour la brasserie Molson durant la saison estivale. Les amateurs le hueront copieusement chaque fois qu’il se présentera au Colisée, l’invectivant d’ironiques «Molson! Molson!». Le Tricolore réussit un coup de maître en novembre lorsque Ronald Corey quitte la direction de la brasserie O'Keefe pour devenir le nouveau président des Canadiens. Trahison!

Malgré leurs problèmes contractuels, les frères Stastny connaissent un début de saison formidable. Peter est choisi comme joueur de la semaine dans la LNH en raison de huit buts et trois passes à ses quatre premiers matches. À eux trois, les Stastny totalisent 150 points après seulement 30 rencontres. Mais le club québécois ne progresse toujours pas au classement par rapport à la saison précédente, incapable de faire mieux qu’environ .500. Le 30 décembre, lors d'un match hors concours contre la puissante équipe de l'URSS, les Nordiques jouent de malchance: leur meilleur défenseur, Mario Marois, se fracture la jambe droite en ratant une mise en échec, tandis que Jean Hamel, un autre défenseur, se brise la mâchoire. Les Soviétiques et leur gardien étoile Tretiak remportent le match par 3 à 0.

Les Nordiques font l'acquisition du défenseur Pat Price le 1er janvier, mais celui-ci se retrouve presque immédiatement sur la liste des blessés. Or, André Dupont et Normand Rochefort sont déjà blessés, tandis que Rick Lapointe et Dave Pichette en ont plein les bras à la ligne bleue. La défensive est plus que jamais le talon d’Achille de l’équipe, qui chute au quatrième rang de sa division. Le 13 janvier à Boston, les Nordiques sont blanchis pour la première fois en 230 rencontres, mais deux semaines plus tard à Hartford, ils pulvérisent les Whalers par 12 à 3. Le 5 février, ils inscrivent contre Buffalo le seul match nul de 0 à 0 de leur histoire. Inconstants et imprévisibles, les Québécois!

En raison des progrès du jeune gardien Clint Malarchuk, les Nordiques se permettent d'échanger John Garrett à Vancouver contre Anders Eldebrink. Quelques jours après la transaction, Garrett remplace Richard Brodeur au match des étoiles et passe à un cheveu de remporter le titre de joueur du match. De son côté, Marian Stastny voit sa saison gâchée par une luxation de l'épaule qui lui fait rater une vingtaine de rencontres. Son frère Peter termine la campagne au deuxième rang des compteurs de la LNH avec 124 points, devancé par l'incomparable Wayne Gretzky. La sensation de l'année est toutefois Michel Goulet qui complète la saison avec 57 buts, un nouveau record d’équipe; l'athlète de Péribonka a atteint le plateau des 50 buts le 6 mars avec un tour du chapeau à Hartford.

Comme en 1981-1982, les malheurs des Whalers ont assuré aux Nordiques plusieurs semaines à l'avance une participation aux séries. Cette fois, ils affrontent au premier tour les Bruins de Boston qui ont l'occasion de venger leur échec du printemps précédent. Premiers de la division Adams et du classement général de la LNH, les Bruins se méfient toujours des Nordiques, mais ils peuvent compter cette fois sur les services du gardien Pete Peeters, auteur d'une impressionnante séquence de 31 matches sans défaite durant la saison. Le 5 avril, dans le premier match au Garden de Boston, les Nordiques laissent filer une avance de trois buts et les Bruins l'emportent par 4 à 3 en prolongation sur un but de Barry Pederson. Deux jours plus tard, Québec laisse à nouveau filer une avance de 2 à 1 en troisième période et s'incline par 4 à 2. Dans le troisième match, les Nordiques ouvrent la machine mais l’emportent difficilement par 2 à 1. Le lendemain, Pete Peeters connaît un autre match du tonnerre et Boston élimine Québec en raison d’une victoire de 2 à 1.

Les Nordiques ne sont donc pas parvenus pas à répéter leur «miracle» de 1982. On est loin de se douter, cependant, qu'il s'agissait de la dernière série de l'histoire entre Québec et Boston. Le problème de la défensive poreuse est resté entier, il faudra y remédier à tout prix. Les Nordiques envisagent la possibilité de se départir d'une vedette (Goulet? Hunter?) pour obtenir le fameux «gros défenseur» qui leur manque tant. Enfin, il semble assuré que Marc Tardif et Réal Cloutier ne seront pas de retour en 1983-1984.

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