Marc Tardif
Il a redonné vie aux Nordiques en 1974-1975 et effectué un retour au jeu remarquable après l'agression de Rick Jodzio. Cependant, sa carrière s'est terminée dans la controverse.

Après quatre saisons et deux coupes Stanley chez les Canadiens de Montréal, Marc Tardif fait le saut dans l'AMH en 1973-1974. Contrairement à son ami Réjean Houle qui est passé directement aux Nordiques, Tardif doit s'entendre avec les Sharks de Los Angeles, qui ont obtenu la priorité. Après une saison de 70 points sous le chaud soleil de la Californie, Tardif est forcé de déménager à Détroit puisque les Sharks sont devenus les Stags du Michigan. Jouant devant des foules minables au Cobo Hall, la concession se trouve rapidement au bord de la faillite et n'a bientôt plus les moyens de payer une vedette comme Tardif.

C’est une occasion rêvée pour les Nordiques, qui manquent de vigueur en ce début de saison 1974-1975. Le 7 décembre 1974, les rumeurs se concrétisent lorsque l'athlète originaire de Granby se joint aux Fleurdelisés. Le résultat est immédiat: le club remonte au premier rang de la division canadienne et les amateurs se rendent en masse au Colisée pour applaudir leur nouvelle idole. La saison suivante, Tardif offre une performance magistrale en raflant le championnat des compteurs de l'AMH et le trophée du joueur le plus utile à son équipe, en plus d'être sélectionné au sein de la première équipe d'étoiles du circuit. À Québec, on n'en démord pas: Tardif est encore meilleur que Guy Lafleur. On aura sûrement l'occasion de le constater au tournoi de la coupe Canada, en septembre…

La triste soirée du 11 avril 1976 interrompt ce beau scénario. Ce soir-là, Rick Jodzio des Cowboys de Calgary assaille Tardif sauvagement. Assommé et victime d'un grave traumatisme crânien, le talentueux ailier gauche des Nordiques ne peut participer à la coupe Canada. Surtout, on ignore s’il pourra poursuivre sa carrière avec autant de fougue quand il sera rétabli. Sans doute plus prudent, Tardif accomplit tout de même un impressionnant retour au jeu en 1976-1977 avec 109 points en 62 rencontres. Puis, en 1977-1978, c'est l'apothéose avec une saison de 154 points, nouveau record du hockey professionnel. Avec 666 points en six saisons dans l'AMH, Tardif termine au deuxième rang de l'histoire du circuit, derrière André Lacroix (798 points).

Le retour du grand Marc dans la LNH s'annonce prometteur. Mais sa grève au début du camp d'entraînement, une blessure au genou gauche et une mince récolte de 68 points viennent gâcher cette saison 1979-1980. En fin de campagne, l'entraîneur Jacques Demers laisse même entendre que Tardif est le «chef des pessimistes» au sein du club. C'est le début de la fin pour le numéro 8 des Fleurdelisés, désormais à couteaux tirés avec la direction. L'équipe tente désespérément de racheter son contrat, mais Tardif ne lâche pas prise facilement. En janvier 1981, il se retire momentanément du jeu et exige un million de dollars pour retrouver la liberté. Le Tout-Québec parle de «l’affaire Tardif».

Après trois ans de tractations en coulisses et autant de saisons décevantes, Marc Tardif et la direction des Nordiques en viennent finalement à une entente. Le 3 octobre 1983, l’équipe rachète la dernière année du contrat de Tardif, qui prend aussitôt sa retraite. Le 1er novembre, on organise au Colisée une fête grandiose pour souligner l'événement: les Nordiques retirent le chandail numéro 8 et offrent à Tardif, entre autres cadeaux, un splendide voilier. C’est une belle fête, mais les partisans ne sont pas dupes. Comme Guy Lafleur chez les Canadiens, Marc Tardif n'était plus désiré par son équipe. Heureusement, le numéro 8 et la direction des Nordiques ont rapidement tourné la page.

Voir aussi
Statistiques et cartes de Marc Tardif


Page précédente: Maurice Filion
Page suivante: Réal Cloutier