Conclusion
Québec n’est plus la même depuis qu’elle a perdu les Nordiques en 1995. Un jour, peut-être, le hockey professionnel reviendra dans la Vieille Capitale...

À l’issue de leurs 16 saisons dans la LNH, les Nordiques présentaient un dossier de 497-599-160 en saison régulière et 35-45 en séries éliminatoires. C’est un recul par rapport à leurs sept années dans l'AMH, où leur fiche s’était arrêtée à 295-237-24 en saison régulière et 26-26 en éliminatoires. Une coupe Avco, deux présences en demi-finale de la coupe Stanley et une poignée de championnats de division… On est loin d’une épopée glorieuse. Que de souvenirs cependant! Les Nordiques n’ont peut-être pas atteint tous les sommets, mais quelle aventure! Ils laissent l'image d'un club pas comme les autres, toujours forcé de se battre contre l'ordre établi. Dans l'AMH, il fallait rivaliser avec la puissante LNH; après la fusion, il fallait prouver jour après jour que Québec avait sa place dans le grand circuit. L'expérience a duré 23 saisons, jusqu'au jour où il n'était plus possible de résister. Deux autres anciennes villes de l'AMH, Winnipeg (1996) et Hartford (1997), ont aussi lancé la serviette.

Les Québécois ont perdu un club fort talentueux, avec les Sakic, Forsberg, Nolan, Ricci, Foote et tant d'autres. Ironie du sort, l'Avalanche du Colorado a remporté la coupe Stanley à sa toute première saison à Denver en 1995-1996! Mais il n’y a pas eu de défilé les jours suivants dans les rues de Québec. C'est un autre club que les Nordiques qui a remporté la coupe, avec de nouveaux uniformes et quelques nouvelles vedettes (Claude Lemieux et surtout Patrick Roy). De toute façon, une distance s'était créée entre les stars de l’équipe et leurs partisans. Trop bien payés et pas toujours heureux à Québec, les derniers porte-couleurs des Nordiques n'auront jamais été aussi populaires que les Tremblay, Tardif, Stastny, Goulet et Hunter, qui furent de véritables ambassadeurs pour la Vieille Capitale dans les années 1970 et 1980.

On croyait que le départ des Fleurdelisés frapperait durement l'économie de la région de Québec, qui a également échoué dans son projet d'obtenir les Jeux olympiques d'hiver de 2002. Il n'en fut rien. Les citoyens ont tout simplement décidé de dépenser leur argent ailleurs, au cinéma et au théâtre par exemple. La ville a perdu une vitrine importante sur la scène internationale, mais Québec a tellement d'autres atouts: son architecture, son histoire, sa culture… Par contre, le départ des Nordiques a laissé un trou béant dans le cœur de leurs nombreux partisans, une blessure qui prend du temps à se cicatriser. Bien sûr, les Nordiques sont toujours présents à Québec avec les Anciens Nordiques et la Fondation Nordiques, celle-ci mise sur pied après la vente du club pour venir en aide au sport amateur, mais ce ne sera jamais comme avant.

Le hockey professionnel reviendra-t-il à Québec? Dans le contexte de ce début de siècle, il est de moins en moins réaliste d’envisager un retour de la LNH à Québec, à moins qu'un généreux milliardaire ne fasse cadeau d'une concession à la Vieille Capitale. On parle d'une nouvelle ligue entièrement canadienne, mais comment y attirer de bons joueurs si on ne peut offrir des salaires concurrentiels aux traitements de multimillionnaires versés dans la LNH? Malgré tout, il faut garder espoir. Dans les années 1950 et 1960, bien peu croyaient au retour de Québec dans la LNH; c'est pourtant ce qui s'est produit. Le succès de la LNH aux États-Unis est trop beau pour être vrai, un beau jour la «balloune» et on reviendra sur terre; peut-être alors sera-t-il possible de gérer une équipe avec des moyens raisonnables! Espérons que Québec sera prête ce jour-là et que des bâtisseurs de la trempe du «groupe des six» surgiront pour amorcer une nouvelle odyssée du hockey dans la Vieille Capitale.


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