Marius Fortier
Optimiste, inventif, sympathique... Il fallait un homme comme Marius Fortier pour réaliser le vieux rêve d'un club professionnel à Québec.

«On nous a déjà tellement dit que nous étions nés pour un petit pain... tellement dit que nul n'est prophète en son pays... tellement dit que Québec, c'est une ville à trente sous... tellement dit qu'on se mangeait la laine sur le dos... tellement... tellement... qu'on a décidé d'essayer1». Tout le personnage est là. Dans l'introduction de son livre sur les Nordiques, Marius Fortier explique pourquoi il a quitté les Remparts de Québec et foncé dans l'aventure des Nordiques en 1972. En fait, il a tellement foncé que, pour beaucoup de gens, Fortier sera toujours le «père» des Nordiques de Québec.

Bien sûr, au début de 1972, Marius Fortier n'est pas seul. Dans le groupe des six fondateurs des Nordiques, il y a aussi Jean-Marc Bruneau, John Dacres, Marcel Bédard, Jean-Claude Mathieu et Léo-Paul Beausoleil. Puis, surviennent les premiers investisseurs importants, les Jean Lesage, Paul Racine et Charles Marquis. Mais Fortier sort du lot. Homme d’action, il s'impose rapidement comme porte-parole du «groupe des six» et devient le premier directeur-gérant de l'équipe. Pour donner de la crédibilité au nouveau club, il embauche Maurice Richard au poste d’entraîneur, un véritable exploit. Celui-ci ne «durera» que deux rencontres, mais quelle publicité pour les Nordiques!

Fortier accomplit un autre tour de magie en 1973 en orchestrant la venue de Jacques Plante. Cette autre trouvaille tourne rapidement au vinaigre. Le nouveau directeur-gérant et entraîneur mène l'équipe directement au désastre; Fortier remet en cause les décisions de Plante, mais la haute direction ne veut rien entendre et c’est Marius qui doit démissionner le 24 décembre 1973. Le père des Nordiques se voit expulsé du club à cause de Jacques Plante qu'il a lui-même déniché! Cet échec n'arrête pas Fortier, qui décide de lancer en 1975 un club de crosse à Québec, les Caribous. L'équipe attire de bonnes foules au Colisée et remporte le championnat de la ligue dès sa première saison.

Heureusement, Fortier revient dans l'organisation des Nordiques en 1980 et en devient le responsable des relations publiques. Il s'occupe entre autres des tournées de balle-molle des joueurs durant l'été, fort appréciées des partisans. Aucun membre de la direction des Nordiques n'a jamais été aussi près des joueurs que Marius: toujours un bon mot, une tape dans le dos, une visite à l'aéroport pour les accueillir après un long voyage! Au début des années 1990, il participe activement à l'organisation des matches des Anciens Nordiques au Colisée, une association qui lui tient beaucoup à cœur.

Profondément amoureux de Québec, sa ville natale, Marius Fortier a le cœur brisé lorsque les Nordiques quittent la Vieille Capitale en 1995, mais un autre défi l'attend. Cette année-là, l'Océanic de Rimouski fait ses débuts dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec et Marius en est le directeur-gérant. Le temps de le dire, l'Océanic connaît un succès monstrueux à Rimouski, un peu comme les Remparts à Québec en 1969-1970. Ce n'est pas suffisant pour Marius, qui quitte l'Océanic pour fonder un autre club junior, le Drakkar de Baie-Comeau. Bâtisseur infatigable et amoureux du hockey, rien ne l'arrête. Il le répète souvent: «Il y a quelque chose de pire que de ne pas réussir… c’est de ne pas essayer de faire quelque chose. C’est ma philosophie. Elle a toujours été la même, et je n’ai pas l’intention de changer2».

Marius Fortier est décédé le 26 août 2005.

Notes de référence
1. Marius Fortier et Claude Larochelle, Les Nordiques et le circuit maudit, Sainte-Foy, Lotographie, 1978, p. 7.
2. Louis-Ange Santerre, Les Nordiques... Plus!, Gallix, Éditions Nord-Côtières, 1989, p. 60.


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